Mis à jour le 1 juin 2022
Vous avez très envie de découvrir le bivouac avec vos enfants mais cela vous inquiète? Nous avons listé ici les principaux points bloquants pour vous aider à dépasser la peur qui vous empêche d’oser enfin le bivouac en famille et en France.
Tout d’abord il convient de bien dissocier “peur” et “risque” lorsqu’on projette un bivouac. La peur est une émotion subjective ressentie à un degré différent par chacun de nous en fonction de notre propre histoire. Tandis que les risques sont des dangers éventuels évaluables et plus ou moins prévisibles que l’on peut minimiser si on les identifie et qu’on les prévient. Dans tout projet de randonnée sur plusieurs jours avec bivouacs, que l’on parte seul ou avec des enfants, il convient donc d’évaluer d’abord les risques.
Quels sont les risques que l’on court en bivouac en France ?
Se faire expulser
Si vous partez à pied ou à vélo, un des premiers risques que vous courrez est de vous faire expulser si vous vous installez dans un endroit privé sans autorisation. Un autre est de vous prendre un PV si vous faites un feu dans un lieu où c’est interdit. Pour prévenir ces risques, renseignez vous sur internet en tapant “arrêté préfectoral feu de camp” ou “arrêté préfectoral bivouac” en plus du lieu où vous envisagez de bivouaquer.
Surestimer ses capacités
Un autre risque en bivouac est de ne pas évaluer la difficulté technique de votre itinéraire ou de surestimer votre niveau ou vos capacités sportives. Dans ce cas, vous vous exposez au risque de ne pas pouvoir continuer votre randonnée ou pire, de rester bloqué. Il est toujours préférable d’accepter de faire demi tour si vous sentez que vous vous êtes surestimés. Mais encore une fois, vous pouvez prévenir ce risque en vous renseignant à l’avance sur les détails de l’itinéraire que vous allez suivre.
La préparation de l’itinéraire d’une rando de plusieurs jours est identique à celle d’une randonnée à la journée. Il faudra, en plus, repérer sur une carte IGN les points de bivouacs possibles, mais aussi les cabanes en cas de mauvais temps, les sources et cours d’eau et, si besoin, les points de ravitaillements possibles en nourriture (refuges, villages…). Le site refuges.info concentre une mine de bonnes infos pour préparer votre itinéraire.
S’installer dans un endroit dangereux
Vous prenez des risques en installant votre bivouac dans un endroit exposé aux chutes de pierres ou aux éboulements, en bordure de falaise ou encore près d’une rivière, d’un ruisseau ou en aval d’un barrage alors que des orages menacent et qu’une crue subite pourrait arriver dans la nuit. Pour éviter cela, apprenez à reconnaitre un endroit approprié pour bivouaquer.
Sous estimer son besoin en eau
Un autre risque encore serait d’avoir sous estimé votre besoin en eau et de ne pas avoir repéré de sources sur l’itinéraire. Vous pouvez prévenir ce risque en repérant les sources et cours d’eau sur le site refuges.info et en vous équipant de pastilles purifiantes ou de gourdes filtrantes. Tous ces risques sont mesurables en préparant bien, à l’avance, votre projet de bivouac en famille.
Chaque projet de randonnée possède des risques plus ou moins importants que l’on peut plus ou moins éviter. Bien préparer sa randonnée en définissant à l’avance son itinéraire d’après un topo détaillé et une carte IGN et en surveillant la météo permet dans la plupart des cas de prévenir les risques de se retrouver dans une situation délicate.
De quoi a t-on peur en bivouac ?
La peur, quant à elle, est naturelle. Elle éveille les sens. Elle est utile pour se prémunir des risques et se protéger. Mais on la transmet parfois sans s’en rendre compte, à nos enfants. Comme la peur du noir, du policier, de la sorcière ou du méchant loup… Ces peurs là, irrationnelles, sont ancrées en nous par l’éducation et il est parfois difficile de s’en défaire. Pour ne pas transmettre vos peurs à vos enfants, il est important de bien connaitre et mesurer les risques et de vous informer sur ce qui vous fait peur.
La peur de l’inconnu
Il est naturel de ressentir de la peur face à quelque chose de nouveau, d’inconnu. Cette peur survient quand tous nos repères sécurisants ont disparu. En réalité, on a simplement peur de ce qu’on ne connait pas. Cette sensation diminue fortement avec l’expérience. Plus on s’écarte de ses habitudes, plus on se rend compte que cette peur est injustifiée. En effet, il suffit de s’habituer à vivre des situations nouvelles pour apprendre à appréhender plus facilement l’inconnu.
Cette peur est souvent d’autant plus grande quand on fait face à l’inconnu avec un enfant. Mais en réalité, on oublie bien souvent que les enfants ont besoin de peu de choses et qu’ils s’adaptent bien plus facilement que nous à la nouveauté. En effet, ils n’ont pas autant de références que nous et que leur repère le plus important, c’est justement nous.
Osez le bivouac avec vos enfants et vous réaliserez que ce que vous pensiez compliqué voire impossible se fait finalement très bien et apporte beaucoup de bienfaits à toute la famille.
La peur de la solitude et de l’isolement
N’ayez pas peur de la solitude, c’est justement un vrai cadeau que de pouvoir s’isoler pour se recentrer sur des choses simples. En famille, de toute façon, vous ne vous sentirez jamais vraiment seuls 😂. L’isolement peut vous inquiéter si, en cas de problème, vous êtes dans un endroit où le téléphone ne passe pas. Vous pouvez consulter le site de votre opérateur pour voir si votre itinéraire est couvert par son réseau. Dans tous les cas, prévenez toujours des membres de votre entourage du lieu où vous vous rendez et de l’heure approximative de votre retour.
Astuce : Pour vous habituer en douceur, vous pouvez commencer par bivouaquer à proximité d’un refuge. Demandez quand même l’autorisation aux gardiens du refuge avant de vous installer.
La peur d’oublier quelque chose
Cette peur renvoie à la logistique que demande la préparation d’un bivouac en famille. En fait, quand on part en famille, on pense qu’on ne pourra pas se passer de choses qui nous semblent essentielles. On essaye de tout anticiper en faisant des listes. Quand chacun de nous doit porter ses affaires en marchant, on limite tout de même au maximum les choses à prendre. C’est souvent beaucoup plus simple d’ailleurs.
Quand on part en road trip en revanche, il arrive assez souvent qu’on oublie des choses parce qu’on voudrait tout emporter. Dans ce cas, il nous faut soit accepter de manquer, soit nous adapter et trouver des alternatives. Cela force notre imagination. Nos enfants, quant à eux, s’adaptent parfaitement à ce qu’on leur apprend et se passer de choses leur permet de faire fonctionner leur imagination.
Liste des choses essentielles à prendre en bivouac : une tente, un couteau, une popote, un réchaud, une trousse de secours avec une couverture de survie, un briquet, un sac poubelle, de la nourriture et de l’eau. Par personne, ajoutez un matelas et un sac de couchage. Sinon, un sac de congélation zippé permet aussi d’isoler de l’humidité vos papiers et téléphones (les miens ont pris l’eau plus d’une fois avant que j’y pense…).
La peur des animaux sauvages
En réalité, la peur est présente des deux côtés. Les animaux sauvages ont même souvent bien plus peur de nous que l’inverse. Si vous avez peur des animaux sauvages, apprenez d’abord à les connaitre. Renseignez vous sur leurs habitudes, leurs modes de vie. Partez sur leurs traces avec vos enfants, vous serez vite rassurés.
En Europe, les animaux sauvages qui nous entourent souffrent surtout de la mauvaise réputation que l’on veut bien leur donner. Au pire, ils peuvent s’approcher de votre tente pendant la nuit, éventuellement intrigués par l’odeur de la nourriture que vous avez transporté, mais soyez certains qu’ils ne chercheront pas à vous manger.
Il y a donc quelques trucs à savoir si vous souhaitez éviter de croiser des animaux : ne pas laisser trainer de vaisselle sale, ni de nourriture dehors et ne pas vous installer sur une sente (un passage d’animaux), ni dans un pré occupé. Analysez le terrain, s’il a été retourné par des sangliers, il y a des chances pour qu’ils reviennent dans la nuit. Ils risquent surtout de vous réveiller avec leur grognements.
En effet, les animaux circulent beaucoup la nuit. Comme nous, ils utilisent des chemins qu’ils tracent à travers la montagne ou la forêt et affectionnent des endroits particuliers. Beaucoup sont territoriaux, donc si vous repérez des traces évidentes de leur présence, ne vous installez pas. En effet, si vous ne les dérangez pas dans leurs habitudes, vous ne risquez pas trop de les surprendre.
Et pour les serpents et les insectes ?
Pour les insectes, vous pouvez porter un bracelet répulsif et/ou couvrir vos membres pour vous protéger des moustiques. Certains vêtements de rando sont traités anti moustiques, mais honnêtement, pour ne pas avoir essayé, on ne sait pas trop ce que ça vaut. Evitez surtout les zones humides et de laisser une lampe allumée le soir dans une tente ouverte. Si vous faites des réactions allergiques aux piqures, demandez une crème apaisante à votre médecin.
Pour les serpents, soyez prudents et regardez bien où vous mettez les pieds dans les pierriers chauffés par le soleil. Cela ne nous est jamais arrivé, mais sachez qu’en cas de morsure de vipère, il ne faut surtout pas sucer la plaie. Ne perdez pas de temps et regagnez au plus tôt un centre médical. Pareil si c’est votre chien qui se fait mordre.
La peur d’une mauvaise rencontre
Comme pour les animaux, ce qui pourrait pousser quelqu’un à se montrer agressif envers vous serait la peur que vous lui inspirez. Souvent, cette peur renvoie à celle de l’inconnu. En montagne, la question se pose moins, mais sur la route, lorsque nous partons en bivouac, nous restons discrets. On a aussi appris aux enfants à l’être. Ainsi, nous faisons en sorte de ne pas être repérés avant de nous installer. Afin d’éviter les problèmes, on évite aussi les coins privés et interdits. On s’installe au coucher du soleil et on repart le matin sans laisser de trace.
La peur de la nuit en bivouac
Pour éviter d’être surpris par la nuit avant d’avoir installé son bivouac, il faut se fixer une heure limite pour commencer à chercher un lieu accueillant. En été, personnellement, j’aime bien qu’on soit installés vers 19h. Du coup, sauf quand on a déterminé à l’avance notre coin de bivouac et qu’on sait exactement où se rendre, on commence à chercher le bon endroit vers 18h.
En bivouac, il faut anticiper un peu la nuit en rangeant les affaires avant qu’il ne fasse trop sombre (et en les isolant au maximum de l’humidité qui va arriver). Si c’est justement l’obscurité qui vous inquiète, dites vous que la nature n’est pas différente que pendant la journée. Il faut surtout que chaque membre de la famille soit équipé de lampes pour pouvoir se déplacer en cas de besoin. Les enfants peuvent aussi ressentir de la peur en bivouac s’ils sont réveillés dans la nuit par une envie subite. S’ils dorment seuls dans une tente, montrez leur où aller avant de se coucher et mettez à leur disposition une petite lampe frontale.
Nous, on adore la nuit en bivouac. En été, c’est souvent l’occasion de grands moments de partage. On écoute les animaux et si on n’entend rien, on observe les satellites et les étoiles avec les enfants. Cet été, on a même pu observer une belle comète aux jumelles…
La peur de l’hygiène en bivouac
Vous vous demandez surement comment ça va se passer pour aller aux toilettes, vous laver et prendre un minimum soin de vous. Pour les toilettes, on vous explique tout dans cet article. Quand on part en famille sur des randonnées de plusieurs jours, on ne se lave pas tous les jours. Et bien ce n’est pas grave ! Avant de partir, on se coupe bien les ongles et on se lave les cheveux.
Une fois en bivouac, on utilise des lingettes biodégradables. On les conserve dans un sac poubelle pour les jeter au retour. On se débarbouille aussi quand on peut dans un cours d’eau. Pour la vaisselle, on peut avoir recours à un peu de savon naturel. Mais dans ce cas, on rince avec une gourde en s’éloignant des cours d’eau. En effet, même les savons biodégradables peuvent porter préjudice à l’environnement.
Pour les dents, on prend notre brosse à dents et du dentifrice. Avec une gourde, ça le fait très bien. Sloe propose un dentifrice solide et des kits de cosmétiques naturels pour une hygiène zéro déchets à emporter en bivouac. Alors, c’est sûr, quand on rentre, on sent un peu le bouc et le feu de camp… Mais c’est là justement que le confort quotidien (et en particulier la douche chaude) prend une toute autre valeur.
Les trucs des filles : Et bim, le bivouac tombe pile pendant vos règles ! Pas grave, utilisez des sachets de congélation hermétiques au fond desquels vous mettrez du bicarbonate et quelques gouttes d’huiles essentielles. Vous y stockerez vos protections avant de les enrouler dans un sac poubelle que vous jetterez au retour. Il existe aussi des alternatives encore moins polluantes comme la cup. Mais si ce sujet vous inquiète beaucoup, ces conseils et témoignages devraient vous décomplexer. Dans tous les cas, il est important de ne rien jeter dans la nature ni dans les cours d’eau.
La peur que les enfants s’ennuient
Alors, sur ce point, on vous rassure tout de suite, c’est impossible. Dehors, il y a tellement de choses à voir et à faire ! Ceci dit, vous pouvez toujours emporter des jeux de cartes ou des Posca pour les faire dessiner sur des galets. Vous pouvez aussi leur apprendre à tailler un bâton avec un couteau de poche, construire une cabane… Devenus ados, nos plus grands emportent (quand ils le peuvent) une guitare et leur téléphone. Et oui, on leur laisse, ils aiment écouter de la musique et rester connectés à leurs copains. Ils prennent aussi parfois un carnet et le matériel pour écrire et dessiner. Mais honnêtement, on ne les a jamais entendu nous dire qu’ils s’ennuyaient quand on est en bivouac.
Voilà, on espère que cet article vous aura aider à surmonter la peur d’essayer le bivouac. On y a listé à peu près tout ce qui pourrait vous bloquer. Cependant, si vous pensez à d’autres angoisses, n’hésitez pas à nous en faire part afin qu’on le mette à jour. Et si vous osez enfin le bivouac en famille, venez nous raconter aussi vos expériences ! 😀
Super article! Le plus dur reste de se lancer et le plus regrettable de ne jamais se lancer.
Bon bivouac à tous!